Assurance vie : le fonds euros fait son « come-back »

C’est le grand retour du fonds en euros de l’assurance vie. Alors que l’on disait que ce support d’investissement était plus ou moins condamné, il semble retrouver de l’intérêt auprès des épargnants. D’après les chiffres diffusés le 2 mai 2024 par France Assureurs, la fédération représentant les sociétés et mutuelles d’assurance implantées dans l’Hexagone, les Français y ont versé près de 3 milliards d’euros (2,9 milliards d’euros exactement) en mars. Soit une collecte brute en hausse de 17% comparée à celle de mars 2023.

Ce bond est d’autant plus remarquable que les cotisations (versements) ont reculé ce mois-là de 8% pour les unités de compte (UC), l’autre grand support de l’assurance vie. Le regain du fonds en euros est également visible sur les trois premiers mois de l’année. Les cotisations y ont progressé de 16% au 1er trimestre 2024 par rapport au 1er trimestre 2023 (+ 12% pour les UC).

Collecte nette positive

Mieux : avec des prestations (rachats partiels et totaux, sorties en rentes viagères, décès) de 2,1 milliards d’euros, les cotisations ont été supérieures de 0,8 milliard d’euros en mars dernier. Il s’agit de la première collecte nette positive du fonds en euros depuis… novembre 2021.

Certes, le support sécurisé (le capital est garanti par l’assureur) profite du dynamisme actuel de l’assurance vie. Les versements sur le placement se sont élevés à 15,4 milliards d’euros en mars 2024, un montant jamais atteint pour ce mois de l’année. Sur le 1^er trimestre, les cotisations ont culminé à 48,2 milliards d’euros, ce qui constitue également un record.

Rendement en hausse

Du coup, l’encours (le cumul des versements, majoré des intérêts annuels et des plus-values latentes) s’est situé à 1.965 milliards d’euros au 31 mars 2024, un niveau, là aussi, jamais enregistré dans l’histoire de l’assurance vie. Mais la bonne santé du marché n’explique pas, à elle seule, le retour en grâce du fonds en euros.

La hausse du rendement, porté à 2,6% en moyenne en 2023, rend ce support de nouveau attractif. D’autant plus que sa rémunération devrait encore augmenter cette année. Le Code des assurances contraint les fonds en euros à être constitués d’au moins 80% d’obligations.

Ces créances émises par les États et les entreprises sont étroitement corrélées aux taux d’intérêt des banques centrales. Or, depuis le conflit ukrainien, qui a notamment provoqué une explosion des prix de l’énergie, la Banque centrale européenne (BCE) n’a cessé de remonter ses taux directeurs pour combattre l’inflation en zone euro.

Renouvellement du portefeuille

C’est ce resserrement monétaire qui est à l’origine de l’augmentation du rendement moyen du fonds en euros. Ce phénomène devrait se poursuivre, sachant que les « vieilles » obligations peu rémunératrices arrivées à échéance sont progressivement remplacées par les « nouvelles » obligations nettement plus rentables.

Reste que les UC n’ont pas dit leur dernier mot. Toujours d’après les données de France Assureurs, la collecte nette des unités de compte est ressortie positive de 2,6 milliards d’euros en mars.

Source : France Assureurs, Communiqué de presse du 2 mai 2024