En 2011, l’assurance française est restée solide

 
Quel est l’état du marché de l’assurance en France alors même que nous vivons depuis 2011 une crise économique européenne sans précédent ?Il est vrai que l’année 2011 a été très perturbée, mais le premier constat que l’on peut dresser est le suivant : l’assurance française est restée solide. Elle a encaissé les chocs extérieurs, dont l’environnemen...

Quel est l’état du marché de l’assurance en France alors même que nous vivons depuis 2011 une crise économique européenne sans précédent ?

Il est vrai que l’année 2011 a été très perturbée, mais le premier constat que l’on peut dresser est le suivant : l’assurance française est restée solide. Elle a encaissé les chocs extérieurs, dont l’environnement économique et financier n’était pas le moindre. 2011 est à maints égards assez semblable à 2008, autre année de crise. Les cotisations sont restées à un niveau élevé (190 milliards d’euros), mais plus faible qu’en 2010. Le secteur a su préserver l’essentiel, à la fois pour les assurés eux-mêmes et pour la collectivité.


L’assurance continue de financer massivement l’économie productive (54 % des actifs détenus par les assureurs sont investis dans les entreprises, niveau quasiment identique à celui de 2010). Elle est aussi une source de financement essentielle de la dette publique, en détenant près de la moitié de la dette de l’État portée par les résidents.

Les résultats en assurances de personnes sont en dégradation en 2011. Quelle est votre analyse ?

Il faut y voir l’effet de la crise sur l’assurance vie. Cette crise induit des changements de comportement des acteurs économiques, quels qu’ils soient. L’épargnant ne fait pas exception à la règle. Il a raccourci ses horizons ou a renoué avec des réflexes « de crise » comme ceux que l’on a pu observer en 2008. Les ménages ont puisé dans leur épargne pour consommer, les placements se sont orientés vers les liquidés ou la pierre. La réaction des épargnants à l’instabilité et à la crise est nette. L’incertitude est partout : perspectives de croissance et d’emploi, avenir de la zone euro, contexte électoral, débat fiscal, etc. Elle incite à l’attentisme, et l’attentisme est peu compatible avec l’engagement long mais est plutôt favorable à des produits d’épargne liquide ou au désendettement.

Cela explique la hausse des prestations en assurance vie sur la fin de l’année et la collecte nette négative qui en résulte. Mais cela ne doit pas dissimuler que la collecte nette en assurance vie se monte à près de 8 milliards d’euros en 2011, que la collecte brute s’élève à 125 milliards d’euros et que les encours ont augmenté de 22 milliards d’euros sur l’année. Les fondamentaux de l’assurance vie restent bons. Elle propose un haut degré de sécurité, un niveau de rémunération très attractif dans le paysage des produits grand public et une souplesse qui concourent à son succès. C’est le pilier de l’épargne des Français et pour de bonnes raisons, comme cela a récemment été rappelé par la Cour des comptes. La crise ne change rien à ces fondamentaux. Les assurances de personnes sont une branche d’activité dont le dynamisme est tendanciellement fort. Il suffit de regarder l’évolution, très positive, de la prévoyance.

La branche des assurances de biens et de responsabilité progresse significativement en 2011. Comment expliquez-vous ce rebond par rapport à 2010 ?

Les assurances de biens et de responsabilité progressent de 4 % en 2011, contre + 1,5 % en 2010. Tous les secteurs sont en croissance. Il y a eu par ailleurs beaucoup moins d’événements naturels majeurs, ce qui a permis une baisse significative de la sinistralité. Restons toutefois prudents : les coûts élevés et croissants pèsent sur les résultats en assurance automobile et nous constatons une recrudescence des sinistres vols pour la partie multirisque habitation. Ce qui est certain, c’est que la prévention joue et jouera un rôle de plus en plus important dans la gestion des risques couverts par les assurances de biens et de responsabilité. Je pense à la sécurité routière, l’un des axes stratégiques de l’association Assureurs Prévention dont la FFSA est à l’origine. Je pense également aux risques naturels, avec la perspective prochaine de lancement d’un observatoire national, idée de la profession reprise par l’État. Il permettra d’avoir une vision précise et complète des zones exposées aux aléas naturels. C’est une formidable avancée, dans l’intérêt de tous, et au premier chef des citoyens.

Dans cette période fortement mouvementée par la volatilité des marchés financiers. Comment les assureurs gèrent-ils leurs placements ?

Il est évidemment plus compliqué, dans un environnement très perturbé comme l’a été celui du second semestre 2011, de piloter une stratégie de placements. Pourtant, les assureurs ont tenu bon et maintenu le cap des années précédentes. Ils ont maintenu à la fois leurs financements aux entreprises en général (54 % des placements, soit près de 1 000 milliards d’euros), aux PME en particulier (3 milliards d’euros d’investissements nouveaux en 2011) et financé la dette publique (33 % des placements). Il y a donc eu en 2011 une grande constance dans les stratégies de placements, malgré la crise. Avec des actifs évalués à 1 713 milliards d’euros à la fin 2011, en hausse par rapport à 2010, les assureurs confirment qu’ils sont un pilier du financement de l’économie française.

L’année 2012 s’annonce chargée. Quels en seront les grands thèmes ?

En effet, l’année 2012 s’annonce riche en événements. Beaucoup nous sont extérieurs, je pense notamment aux décisions qui seront prises à la suite des élections présidentielle et législatives. Il y a bien sûr aussi Solvabilité 2, qui est dans sa dernière ligne droite puisque l’entrée en vigueur de la réforme est prévue pour le tout début 2014 et que la transposition de la directive en droit français doit intervenir avant le 1er janvier 2013. Nous devons aussi être très présents à Bruxelles où des textes d’importance cruciale pour notre secteur seront discutés cette année. Nous consoliderons d’ailleurs en 2012 notre présence à Bruxelles en renforçant le bureau que nous y avons installé en 2009. Cela participe d’une volonté unanime de la profession de mieux peser sur son propre avenir. Et naturellement, la FFSA sera toujours présente dans le débat public, au cours d’une année riche, porteuse de risques mais aussi d’opportunités.

En savoir plus http://www.ffsa.fr/sites/jcms/p1_674553/en-2011-lassurance-francaise-est-restee-solide