Commentaires de marchés au 31/01/2018

Edmond de Rothschild Asset Management privilégie les actions, plus particulièrement européennes

Les marchés actions se caractériseront en 2018 par moins de rendement et plus de volatilité, selon Philippe Uzan, Directeur des gestions chez Edmond de Rothschild Asset Management. Pour autant, il préfère les actions aux obligations et, au sein des premières, il privilégie l’Europe. Le gérant trouve comme atouts au Vieux Continent une meilleure visibilité sur l’avancée du cycle et des valorisations en retrait par rapport à celles de Wall Street. Les bénéfices poursuivent par ailleurs leur croissance et le consensus anticipe une progression de 8 à 9% pour l’Europe cette année.

Philippe Uzan fait également remarquer que le cycle monétaire est lui aussi en retrait sur le cycle américain. La BCE a amorcé la fin de sa politique monétaire non-conventionnelle mais elle est encore loin d'amorcer son évolution vers la neutralité des conditions monétaires. Il fait enfin remarquer que le scepticisme demeure vivace sur le redressement de la zone euro après des années de crise.

Dans ce contexte, les valeurs domestiques, orientées vers le consommateur européen, sont à privilégier, à l'image des secteurs bancaire (BNP Paribas, ING, Intesa), automobile (Daimler), des télécoms (Iliad, Bouygues). Le gestionnaire d'actifs note par ailleurs que les medias (ProSieben) et la grande distribution (Casino, Carrefour) ont enregistré des performances mitigées en 2017 et offrent aujourd'hui un point d'entrée attractif.

Edmond de Rothschild AM s'attend également à ce que le cycle des opérations de fusions & acquisition reste soutenu. D'autant plus en France où l'Etat va céder des participations. "ADP est le dossier le plus brûlant", précise Philippe Uzan.

Alors qu'un regain de volatilité pourrait créer des opportunités, le Directeur des gestions estime que la gestion active passera à l'offensive et la sélectivité sera de mise. "C'est dans ces épisodes orageux sur les marchés que la qualité des indicateurs fondamentaux retrouvera tout son intérêt", explique-t-il. Le Directeur des gestions d'Edram conseille aux investisseurs de se montrer vigilants quant aux mouvements des taux d'intérêt qui influencent la valorisation de toutes les classes d'actifs, à un moment où les marchés sont chers.

Goldman Sachs ISG : le marché actions haussier ne va pas encore s'écrouler

« Il ne faudrait pas confondre un marché actions haussier mature, avec un qui serait décrépi », affirme Goldman Sachs Investment Strategy Group dans ses perspectives pour 2018. Dans son scénario central, l’indice S&P 500 est attendu entre 2 750 et 2 850 points en fin d’année et l’Euro Stoxx 50 entre 3 625 et 3 750.

A l'appui de sa vision relativement optimiste, la banque américaine souligne que pour la première fois depuis 10 ans les principales économies de la planète sont toutes en croissance en même temps, fournissant ainsi une fondation aux profits au niveau mondial. Ce qui constitue un soutien aux actifs à risques d'un point de vue fondamental. Goldman Sachs ISG ajoute que la réforme fiscale aux Etats-Unis dopera significativement les bénéfices des sociétés américaines en 2018.

Plus largement, la croissance globale synchronisée justifie la probabilité de 10% qu'elle accorde à une récession aux Etats-Unis. Or, fait-elle remarquer, le S&P 500 a généré un rendement annuel positif 87% du temps où l'économie américaine était en expansion depuis la Seconde guerre mondiale. Goldman Sachs ISG ajoute que les deux tiers de ces rendements annuels ont dépassé les 10%.

Les stratèges indiquent ensuite que depuis l'entrée en novembre 2013 de la valorisation du S&P 500 dans le neuvième décile - soit qu'il est plus cher qu'il ne l'a jamais été historiquement dans 90% des cas - l'indice affiche un rendement de 67%. Selon eux, l'environnement économique actuel caractérisé notamment par une inflation et des taux d'intérêt faibles justifie des ratios de valorisation plus élevés.

La banque reconnaît cependant que la rentabilité des actifs risqués sera plus faible à l'avenir.

Candriam veut croire à une relance des réformes européennes dès ce premier trimestre

"Il existe actuellement une fenêtre d'opportunité pour renforcer la zone euro. Le Conseil Européen des 22 et 23 mars pourrait bien marquer en ce sens le point de départ d'une politique plus ambitieuse", assure Nadège Dufossé, responsable de l'allocation d'actifs chez Candriam. Pour elle, une relance du processus de réformes européennes pourrait survenir dans le courant du premier trimestre, dès que la "grande coalition" sera en place en Allemagne et que les élections italiennes auront eu lieu.

En Allemagne d'abord, la responsable de l'allocation d'actifs chez Candriam observe que "le projet d'accord de coalition entre les plus grands partis allemands indique que l'Allemagne ne serait plus un obstacle à une plus grande intégration économique et fiscale". Ce document appelle en effet à prendre des mesures en faveur d'un renforcement de la zone euro (y compris une proposition destinée à transformer le mécanisme européen de stabilité, ou ESM, en un Fonds Monétaire Européen), tout en améliorant la coordination économique et la gestion du budget.

"Un financement supplémentaire de la part de l'Allemagne est même envisagé pour améliorer les capacités de l'Union européenne. Pour résumer, l'Allemagne se montrerait enfin favorable au processus de réforme de la zone euro. Le SPD est moteur dans la rédaction d'un accord de coalition qui serait plus favorable pour la zone Euro", explique Nadège Dufossé.

Du côté italien, l'optimisme est également permis à quelques semaines des élections législatives du 4 mars. Si ce scrutin pourrait être une "source de volatilité à court-terme pour les marchés", concède l'experte de Candriam, "la robustesse cyclique de l'économie italienne contrebalance actuellement ses faiblesses structurelles", assure-t-elle.

La responsable de l'allocation d'actifs de Candriam souligne surtout que la baisse du taux d'intérêt moyen payé sur la dette et l'amélioration du taux de croissance nominal rend le poids de la dette italienne plus soutenable à moyen terme. Et, pour elle, "l'incertitude électorale ne devrait pas faire dérailler la reprise en cours."